En remportant une audience fidèle dès ses premiers live sets, c’est peu dire que Lala &ce porte bien son nom. Un service gagnant - grâce à une voix et un flow uniques dans l’hexagone - qui lui a permis de concourir tant sur les courts underground que sur la scène mainstream. Dans le sillage d’un collectif 667 mené par Freeze Corleone et alors basé à Lyon, Lala fait partie de ces irréductibles qui ont érigé la capitale des Gaules en chef-lieu d’un rap fantasque et anticonformiste. 

Druidesse libre et audacieuse, au phrasé traînant chargé de slang nouchi, la gone distille une potion entre (sound)cloud rap, trap, drill et RnB. Surtout, elle n’hésite pas à bousculer et déconstruire les stéréotypes archaïques du milieu, abordant par exemple l’homosexualité entre femmes racisées dans ses textes techniques, sensuels et insolents. Bad bitch assumée, électron queer et androgyne au sein d’un hip-hop sexiste et conservateur, Lala &ce multiplie les collaborations singulières avec Phazz, Nemir, Vladimir Cauchemar, ou encore Low Jack et BabySolo33 à l’occasion de leur comédie musicale “Baiser mortel à la Bourse de Paris”.

À l’image de Zeus, la franco-ivoirienne régnait sur l’Olympia parisienne en mars 2024, à l’aube d’une tournée hivernale triomphante. Mais si on devait prolonger l’analogie antique, c’est plus à Hélios - dieu du soleil et fils de la Foudre - qu’il faudrait associer la passionnée d’astronomie et de monuments historiques qu’est Lala. En 2022, elle publiait tout d’abord un EP “SunSystem” très caliente, puis c’est “Solstice” qui voit le jour cette année, album-concept plus sombre et dystopique qui l’installe définitivement tout là-haut dans le domaine des déesses du rap français actuel.